Entretien avec Brice Chambard, PDG d'Obiz

Boursier.com : Après l'avertissement lancé début avril, Obiz a redéfini ses priorités de moyen terme. Qu'en est-il?

Obiz s'inscrit désormais dans un plan à horizon 2027, avec une feuille de route précise : a minima 7 ME d'EBITDA, soit x5 par rapport à 2024. Après une phase d'hypercroissance de notre chiffre d'affaires, de 2010 à 2021, associée à de la rentabilité il faut le rappeler, puis une phase de croissance externe avec trois acquisitions majeures, consécutives à notre introduction en Bourse en 2021, nous allons désormais consacrer nos efforts à réaliser de l'hypercroissance de la rentabilité, à savoir EBITDA et résultat net. L'accent sera aussi mis sur la génération de cash-flow pour désendetter l'entreprise.

Boursier.com : Comment s'explique le tassement de vos marges en 2024?

Des partenaires majeurs de billetterie ont procédé l'an passé à des ajustements tarifaires, que nous n'avons pas immédiatement répercuté. Cela a logiquement pesé sur les marges de notre activité e-commerce. Nous comptons répercuter ces évolutions de prix d'achat des billets en 2025. En outre, le groupe a fait face à une hausse des charges de personnel et des charges externes, du fait de l'intégration des sociétés Ski Loisir Diffusion (juillet 2023) et HA PLUS PME (juillet 2024). Les effectifs ont grimpé à 137 collaborateurs fin 2024.

Boursier.com : "Priorité à la rentabilité" signifie t-il que c'est la fin de la croissance d'Obiz?

La croissance devrait rester conséquente sur la période, même si elle ne constituera plus l'objectif central. Obiz va continuer de s'afficher en croissance sur ses métiers, mais avec la volonté de délivrer une croissance rentable. Nous avons d'ailleurs signé plusieurs programmes affinitaires avec des clients de premier plan depuis le début d'année...

Boursier.com : Sur quels principaux leviers allez-vous jouer pour faire progresser la rentabilité dans ce plan 2027?

Tout d'abord, nous avons commencé à optimiser nos processus internes en automatisant certaines tâches et en améliorant l'efficacité de nos équipes. Cela nous permettra de réduire nos coûts opérationnels et de gagner en productivité. Nous sommes par exemple aujourd'hui capables de suivre en temps réel les évolutions tarifaires de nos partenaires et de les répercuter sur nos prix. Parallèlement, nous travaillerons à renégocier nos partenariats et nos conditions avec nos fournisseurs, afin de maximiser nos marges. Nous mettrons aussi un accent particulier sur l'expansion à l'international, en explorant de nouveaux marchés et en diversifiant nos sources de revenus. Ces leviers, combinés à notre capacité d'adaptation, nous permettront de maximiser notre rentabilité et d'atteindre nos objectifs pour 2027.

Boursier.com : Vous évoquez le non-respect du ratio de levier net (EBITDA/Endettement financier net) sur une partie de la dette bancaire. Quelle est la situation aujourd'hui?

Le recul de l'EBITDA a logiquement fait diminuer les ratios, au point de "casser" les "covenants". Nous avons obtenu, fin avril, des dérogations de la part de nos différents partenaires financiers à ce sujet. Les dettes financières s'établissaient à 18,6 MEUR à fin 2024, constituées de 18,2 MEUR de dettes bancaires relatives à la croissance externe. Les obligations Relance, émises fin 2023 pour un montant de 4,0 MEUR, disposent d'une maturité longue (2031) et sont intégralement remboursables à l'échéance. Un des objectifs du plan 2027, consiste à retrouver des ratios d'endettement acceptables. Cela permettra logiquement de reconstituer une capacité d'action en matière de croissance externe.