Wall Street : déjà de retour en hausse ?
En plein 'shutdown' et avant les Minutes de la Fed

Wall Street s'affiche timidement dans le vert avant bourse ce mercredi, le S&P 500 s'accordant 0,1%, le Dow Jones 0,3% et le Nasdaq 0,1%, sans issue évidente pourtant au 'shutdown' et en attendant les Minutes de la dernière réunion monétaire de la Fed.
A Washington, Donald Trump soutient la position des Républicains selon laquelle aucune négociation ne serait engagée avec les Démocrates sur les subventions aux soins de santé qu'ils espèrent prolonger avant la réouverture du gouvernement. Le président américain durcit d'ailleurs le ton et a menacé de suspendre le versement des arriérés de salaire des fonctionnaires fédéraux en chômage partiel.
Hier, la cote américaine a mis fin à sa longue série haussière sur des doutes relatifs au secteur de l'intelligence artificielle, sur un rapport indiquant de très faibles marges d'Oracle concernant la location de produits Nvidia à des clients en tant que fournisseur de services cloud.
Côté shutdown, les Démocrates affirment donc qu'ils ne soutiendront pas le projet de loi s'il ne se préoccupe pas des subventions de l'Affordable Care Act qui expireront fin 2025, ainsi que des coupes budgétaires dans Medicaid mises en oeuvre par la loi de finances du second mandat de Trump... Le Sénat a rejeté à plusieurs reprises déjà un projet de loi provisoire adopté par la Chambre des représentants visant à maintenir le gouvernement en activité jusqu'au 21 novembre, projet qui ne prévoyait pas les subventions réclamées par les Démocrates. Trump a imputé sur les réseaux sociaux la responsabilité de l'impasse aux Démocrates et les a appelés à la modération, tout en disant rester ouvert à des négociations... après la réouverture du gouvernement.
Trump avait auparavant déclaré qu'il profiterait du blocage pour licencier des milliers d'autres fonctionnaires fédéraux généralement mis au chômage partiel pendant le 'shutdown'. La Maison Blanche envisagerait désormais de ne pas payer les employés fédéraux pendant les jours de chômage partiel du shutdown. Cette décision pourrait être contraire à la loi qui impose aux travailleurs de percevoir des arriérés de salaire après la réouverture du gouvernement.
C'est aussi le désordre du côté des statistiques américaines. La semaine dernière, le rapport mensuel gouvernemental sur l'emploi, qui devait être annoncé vendredi, a été repoussé. Sur le front économique cette semaine, la balance du commerce international des biens et services pour le mois d'août, en principe attendue ce mardi, a aussi été retardée. Les Minutes du FOMC (dernière réunion monétaire de la Fed) doivent être publiées quant à elles ce soir à 20 heures et devraient confirmer les récentes dissensions au sein de l'institution monétaire sur fond de pressions de Trump et d'anticipation de la succession de Jerome Powell.
Les stocks de grossistes et les inscriptions hebdomadaires au chômage sont attendus jeudi. L'indice du sentiment des consommateurs de l'Université du Michigan pour octobre et la balance budgétaire de septembre sont prévus vendredi.
Raphael Bostic, Michelle Bowman, Stephen Miran et Neel Kashkari de la Fed intervenaient hier. Alberto Musalem, Michael Barr, Austan Goolsbee et Kashkari (encore) prendront la parole ce mercredi. Michelle Bowman, Barr et surtout Jerome Powell (Conférence des banques communautaires à Washington), seront de la partie jeudi. Enfin, Austan Goolsbee et Alberto Musalem interviendront vendredi... Bostic, patron de la Fed d'Atlanta, a noté que les turbulences poussaient les entreprises et ménages à la prudence. Bowman s'est montrée pour sa part offensive en estimant qu'il y avait de la place pour trois baisses de taux cette année. Le gouverneur Miran, qui vient d'être désigné par Trump, affiche une posture encore plus agressive et évoque un taux neutre à 0,5%. Il juge qu'il est... difficile d'identifier des bulles d'actifs et plaide donc pour des baisses de taux conséquentes. Le patron de la Fed de Minneapolis, Neel Kashkari, pense au contraire qu'une baisse drastique des taux provoquerait une flambée de l'inflation...
Le mois dernier, la banque centrale a abaissé ses taux d'un quart de point à 4-4,25% afin de soutenir un marché du travail en difficulté, au risque toutefois de raviver l'inflation. Selon l'outil FedWatch du CME, il y a 80,3% de probabilité que les taux terminent l'année entre 3,5 et 3,75%.
Sur le front commercial, Trump a déclaré avant-hier que des droits de douane de 25% s'appliqueraient à tous les camions de poids moyen et lourd importés aux États-Unis à compter du 1er novembre, afin de protéger les fabricants domestiques d'une concurrence déloyale... L'administration Trump poursuit par ailleurs ses acquisitions de participations stratégiques, pas seulement dans les semi-conducteurs (Intel), mais aussi sur de multiples petits dossiers des minéraux et métaux critiques en Amérique du Nord, dont Trilogy Metals, Critical Metals, Lithium Americas, MP Materials (...), ce qui fait évidemment flamber ces différentes valeurs en bourse.
Par ailleurs, les responsables de l'Union européenne considèreraient selon Bloomberg que les nouvelles demandes américaines de concessions, ainsi que d'autres mesures, pourraient compromettre un accord récent qui a permis aux alliés d'éviter une guerre commerciale. Plus tôt ce mois, l'administration Trump a transmis à l'UE une nouvelle proposition visant à mettre en oeuvre un commerce réciproque, juste et équilibré, selon des sources de Bloomberg proches du dossier, qui ont requis l'anonymat.
Les responsables de l'UE jugeraient ces demandes excessives et les concessions importantes. Les États membres doivent être informés des discussions ce mercredi. Ces nouvelles demandes interviennent alors que les deux parties se préparent à négocier les prochaines étapes de l'accord commercial conclu cet été, qui prévoit un droit de douane de 15% sur la plupart des marchandises européennes entrant aux États-Unis.
Dans l'actualité des entreprises à Wall Street, PepsiCo, Delta Air Lines, Tilray, Applied Digital et Levi Strauss, dévoilent leurs résultats jeudi. Tesla a pour sa part quelque peu déçu hier soir en dévoilant de nouveaux modèles à plus bas prix, mais encore un peu trop chers selon certains analystes.
Sur le Nymex, le baril de brut WTI prend 1,7% à 62,8$. L'once d'or fin atteint un nouveau record sur les 4.000$, progressant de 1,2% à 4.033$. L'indice dollar avance de 0,2% face à un panier de devises. Le bitcoin évolue autour des 123.000$.
Les valeurs
Nvidia investit une fois de plus dans l'un de ses clients, et il s'agit cette fois de la startup d'intelligence artificielle xAI d'Elon Musk. xAI lève plus de fonds que prévu initialement, faisant appel à des bailleurs de fonds comme Nvidia, ce qui porte sa levée de fonds actuelle à 20 milliards de dollars, selon des sources de Bloomberg. Ce financement comprend des capitaux propres et de la dette dans une structure ad hoc qui achètera des processeurs Nvidia et les louera à xAI pour son projet Colossus 2, ont indiqué ces sources de Bloomberg, qui ont requis l'anonymat, l'information étant confidentielle. Le projet concerne le plus grand centre de données de xAI, situé à Memphis.
Nvidia investirait jusqu'à 2 milliards de dollars dans la partie actions de la transaction, selon les sources. Cette stratégie du fabricant de puces permet d'accélérer les investissements de ses clients dans l'IA. En outre, l'effort de levée de fonds de xAI, pour lequel Bloomberg avait précédemment annoncé un montant deux fois moindre, pourrait continuer de croître selon l'agence. Elon Musk a quant à lui affirmé sur X en septembre que l'entreprise ne levait aucun capital pour le moment...
Le financement de XAI se répartirait entre environ 7,5 milliards de dollars de capitaux propres et jusqu'à 12,5 milliards de dollars de dette dans le véhicule spécial dédié, selon les sources. Ce véhicule servirait à acquérir des processeurs Nvidia, et la startup d'IA de Musk louerait ensuite les puces pendant cinq ans, permettant ainsi aux financiers de Wall Street de récupérer leur investissement. "Cette structure de transaction unique, adossée aux GPU plutôt qu'à l'entreprise, pourrait servir de modèle aux entreprises technologiques cherchant à réduire leur endettement", note Bloomberg.
Les dirigeants de Nvidia ont déjà déclaré qu'ils utiliseraient la solidité croissante de l'entreprise pour accélérer le déploiement de l'IA dans l'ensemble du secteur. En septembre, la directrice financière Colette Kress a déclaré lors d'une conférence Goldman Sachs que Nvidia rachèterait des actions et procéderait à des acquisitions stratégiques lorsque cela serait possible, mais que la priorité était d'utiliser les liquidités pour aider d'autres entreprises à utiliser l'IA plus rapidement, rappelle encore Bloomberg. Apollo Global Management participe aussi à la levée de fonds, tout comme Diameter Capital Partners, selon les sources de l'agence. Valor Capital dirige la partie actions de l'opération, comme l'avait précédemment rapporté Bloomberg. Plus tard cette année, les actionnaires Tesla se prononceront sur l'opportunité pour le constructeur texan de VE d'investir également dans xAI.
Tesla qui corrigeait hier soir à Wall Street, alors que les investisseurs avaient précédemment spéculé sur l'annonce de modèles moins onéreux du constructeur texan de véhicules électriques à l'occasion d'un événement 'teasé' pour le 7 octobre. Le groupe d'Elon Musk a dévoilé une version 'allégée' de son Model Y, baptisée Standard, et a également annoncé un Model 3 Standard. Les deux véhicules sont disponibles à la commande sur le site web américain de Tesla. Le Model Y Standard est une propulsion disponible à partir de 39.990$ et offre une autonomie estimée à 516 km environ ainsi qu'une vitesse de pointe de 125 mph (plus de 200 km/h) et un temps de 6,8 secondes pour atteindre 60 mph (96,6 km/h), avec des jantes standard de 18 pouces. Le Model 3 Standard est proposé à 36.990$ et offre la même autonomie et la même vitesse de pointe.
Le Model Y Standard serait disponible en novembre/décembre et le Model 3 Standard un peu plus tard, avec une livraison prévue en décembre 2025/janvier 2026. Tesla est ainsi contraint d'ajuster sa gamme de véhicules et surtout de prix, face à l'expiration des crédits fiscaux sur les VE aux États-Unis. Les analystes sont partagés suite à ces annonces, alors que certains espéraient des prix encore plus bas pour toucher un nouveau public et concurrencer les modèles chinois rivaux.
Oracle. 'The Information' a soulevé des questions sur le projet de l'entreprise d'acheter des milliards de dollars de puces Nvidia pour les louer en tant que fournisseur de services cloud à des clients comme OpenAI. Selon le rapport, Oracle a réalisé une marge brute de 14% sur un chiffre d'affaires de 900 millions de dollars dans son activité cloud Nvidia au cours du trimestre clos en août. Le rapport cite des documents internes. Cette marge est très significativement inférieure à la marge brute globale d'Oracle, qui atteint environ 70%. Sur les trois mois se terminant en août, Oracle aurait même perdu 100 millions de dollars sur les locations de puces Nvidia Blackwell !
'The Information' indique que la récente transformation d'Oracle en une des plus importantes entreprises du cloud et de l'intelligence artificielle pourrait donc se heurter à des difficultés de rentabilité en raison du prix élevé des puces Nvidia et de la tarification agressive de ses locations de puces d'IA. En septembre, Oracle a annoncé que son carnet de commandes cloud, appelé obligations de performance restantes, avait bondi de 359% en un an pour atteindre 455 milliards de dollars - dont 300 milliards de dollars proviendraient d'OpenAI.
Oracle prévoyait un chiffre d'affaires de 144 milliards de dollars pour son infrastructure cloud en 2030, contre un peu plus de 10 milliards de dollars en 2025. Une grande partie de ces prévisions de chiffre d'affaires vient du rôle d'Oracle dans le colossal projet Stargate, dans le cadre duquel l'éditeur collabore avec OpenAI pour ouvrir cinq immenses centres de données équipés de puces d'IA Nvidia.
Jensen Huang, le patron et fondateur de Nvidia, a réagi aux inquiétudes concernant les marges d'Oracle sur ses produits. "Ils seront merveilleusement rentables", a précisé Huang à CNBC en réponse à ces préoccupations concernant les marges du groupe de Larry Ellison sur la location de puces Nvidia. Si les marges d'Oracle sur ce segment peuvent sembler minces aujourd'hui, Huang assure que "lorsque vous lancez une nouvelle technologie, il est fort possible que vous ne gagniez pas d'argent au début, mais au cours de la vie du système elles seront merveilleusement rentables". Il a ajouté qu'il n'était pas facile de faire fonctionner les systèmes Nvidia à l'échelle d'Oracle.
Amazon a annoncé selon Reuters que son activité pharmacie allait délivrer dès décembre certains médicaments courants sur ordonnance via des bornes électroniques dans ses centres de soins primaires One Medical. Amazon prévoit de lancer cette offre auprès des patients One Medical de Los Angeles pour des médicaments tels que des antibiotiques, des inhalateurs pour l'asthme et des traitements contre l'hypertension. Ces bornes constitueront le premier service de retrait en personne d'Amazon Pharmacy. One Medical, acquis il y a deux ans par Amazon, propose un système d'abonnement permettant aux patients d'accéder aux soins primaires et d'urgence moyennant un abonnement de 199$ par an. Amazon prévoit d'étendre le modèle de borne hors de Californie en 2026 et serait en pourparlers avec des systèmes de santé externes pour introduire ces machines dans le cadre de partenariats.
AST SpaceMobile, la société qui construit "le premier et le seul réseau cellulaire à large bande basé dans l'espace accessible directement par les smartphones de tous les jours, conçu pour les applications commerciales et gouvernementales", a annoncé un accord avec Verizon pour fournir un service AST SpaceMobile direct vers le cellulaire lorsque les clients de Verizon en ont besoin à partir de 2026. "Ce service améliorera encore le réseau déjà étendu et primé de Verizon, en s'appuyant sur le service exceptionnel et la connectivité omniprésente dont bénéficient actuellement les clients", indiquent les partenaires. La combinaison du réseau mobile terrestre Verizon, de l'utilisation du spectre cellulaire multi-opérateurs premium de 850 MHz et du réseau cellulaire spatial de nouvelle génération d'AST SpaceMobile en orbite terrestre basse, devrait permettre aux clients cellulaires de rester connectés "où qu'ils soient, des sentiers de randonnée aux centres-villes et partout entre les deux".
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