Wall Street consolide, après sa série de records

Wall Street s'affiche légèrement dans le rouge désormais ce mardi, le S&P 500 consolidant de 0,08% à 6.735 pts et le Nasdaq de 0,03% à 22.935 pts - suite à une séquence notable de sept séances au plus haut. Le Dow Jones fléchit pour sa part de 0,15% à 46.626 pts. Hier, les indices avaient bénéficié une fois de plus de l'excellente tenue des valeurs de l'IA suite à l'accord entre AMD et OpenAI. Tesla soutenait aussi la tendance sur des spéculations concernant un véhicule électrique plus abordable. Les opérateurs misent par ailleurs toujours sur de nouveaux assouplissements monétaires de la Fed. Dans un tel contexte, la persistance du 'shutdown' ne semble pas perturber outre mesure.

Alors que le 'shutdown' entre dans sa deuxième semaine aux États-Unis, Donald Trump a déclaré qu'il négocierait avec les Démocrates sur les subventions aux soins de santé, une initiative qui pourrait ouvrir la voie à une résolution du blocage du gouvernement. "Nous discutons avec les Démocrates, et de très bonnes choses pourraient se produire concernant les soins de santé", a affirmé le président américain aux journalistes hier à la Maison Blanche. "Je suis républicain, mais je souhaite une couverture santé, bien plus que les Démocrates", a insisté Trump.

Ces commentaires semblent selon Bloomberg marquer un changement de cap pour la Maison Blanche et les dirigeants républicains, qui ont insisté jusqu'à présent sur le fait que les Démocrates devaient voter la réouverture du gouvernement avant d'entamer des négociations sur les crédits d'impôt pour l'assurance maladie. "Les affirmations de M. Trump sont fausses, mais s'il est enfin prêt à collaborer avec les Démocrates, nous serons à la table des négociations", a pour sa part déclaré le chef des démocrates au Sénat, Chuck Schumer. "Si le président Trump et les Républicains sont enfin prêts à négocier et à obtenir des résultats concrets en matière de santé pour les familles américaines, les Démocrates seront là".

Les Démocrates affirment qu'ils ne soutiendront pas le projet de loi s'il ne se préoccupe pas des subventions de l'Affordable Care Act qui expireront fin 2025, ainsi que des coupes budgétaires dans Medicaid mises en oeuvre par la loi de finances du second mandat de Trump...

Hier, interrogée sur les entretiens supposés du président avec les sénateurs démocrates, la porte-parole de la Maison Blanche Karoline Leavitt a refusé selon Bloomberg de préciser si de tels échanges avaient eu lieu.

Hier, le Sénat a rejeté pour la cinquième fois un projet de loi provisoire adopté par la Chambre des représentants visant à maintenir le gouvernement en activité jusqu'au 21 novembre, projet qui ne prévoyait pas les subventions réclamées par les Démocrates. Le vote s'est soldé par 52 voix contre 42 alors que les Républicains avaient besoin de 60 voix. Suite au vote, Trump a imputé sur les réseaux sociaux la responsabilité de l'impasse aux Démocrates et les a appelés à la modération, tout en disant rester ouvert à des négociations... après la réouverture du gouvernement. Trump avait auparavant déclaré qu'il profiterait du blocage pour licencier des milliers d'autres fonctionnaires fédéraux généralement mis au chômage partiel pendant le 'shutdown'.

Selon une source de Bloomberg, la Maison Blanche envisagerait de ne pas payer les employés fédéraux pendant les jours de chômage partiel du shutdown. Cette décision pourrait être contraire à la loi qui impose aux travailleurs de percevoir des arriérés de salaire après la réouverture du gouvernement. Le Bureau du Budget de la Maison Blanche, dirigé par Russell Vought, aurait ainsi rédigé une note indiquant que les travailleurs ne seraient pas assurés d'être indemnisés pendant le shutdown, position qui renforce les enjeux de la confrontation avec les Démocrates, près d'une semaine après la suspension des activités non essentielles par les agences et les ministères. La note expose selon Bloomberg un argument juridique selon lequel la loi de 2019 sur le traitement équitable des employés du gouvernement, adoptée après le shutdown lors du premier mandat Trump pour codifier le paiement des employés fédéraux après la fin d'un shutdown, serait défaillante.

C'est aussi le chaos du côté des statistiques américaines. La semaine dernière, le rapport mensuel gouvernemental sur l'emploi, qui devait être annoncé vendredi, a été repoussé. Sur le front économique cette semaine, la balance du commerce international des biens et services pour le mois d'août, en principe attendue ce mardi à 14h30, vient aussi d'être retardée. Les Minutes du FOMC (dernière réunion monétaire de la Fed) doivent être publiées demain soir. Les stocks de grossistes et les inscriptions hebdomadaires au chômage sont attendus jeudi. L'indice du sentiment des consommateurs de l'Université du Michigan pour octobre et la balance budgétaire de septembre sont prévus vendredi.

Raphael Bostic, Michelle Bowman, Stephen Miran et Neel Kashkari de la Fed interviennent ce mardi. Alberto Musalem, Michael Barr et Kashkari (encore) prendront la parole demain. Michelle Bowman, Barr et surtout Jerome Powell (Conférence des banques communautaires à Washington), seront de la partie jeudi. Enfin, Austan Goolsbee et Alberto Musalem interviendront vendredi... Bostic, patron de la Fed d'Atlanta, a noté que les turbulences poussaient les entreprises et ménages à la prudence. Bowman s'est montrée pour sa part offensive en estimant qu'il y avait de la place pour trois baisses de taux cette année.

La paralysie partielle du gouvernement américain n'empêchera sans doute pas ces interventions de responsables de la Fed, mais elle compromet donc quelques publications de statistiques et provoque une surveillance accrue des chiffres économiques privés (ADP, PMI...). Les indicateurs récents de l'emploi privé et de l'activité économique ont donné des signaux préoccupants et devraient donc inciter la Fed à réduire encore ses taux par deux fois d'ici la fin de l'année.

Le mois dernier, la banque centrale a abaissé ses taux d'un quart de point à 4-4,25% afin de soutenir un marché du travail en difficulté, au risque toutefois de raviver l'inflation. Selon l'outil FedWatch du CME, il y a 79,5% de probabilité que les taux terminent l'année entre 3,5 et 3,75%.

Sur le front commercial, Trump a déclaré hier que des droits de douane de 25% s'appliqueraient à tous les camions de poids moyen et lourd importés aux États-Unis à compter du 1er novembre, afin de protéger les fabricants domestiques d'une concurrence déloyale... L'administration Trump poursuit par ailleurs ses acquisitions de participations stratégiques, pas seulement dans les semi-conducteurs (Intel), mais aussi sur de multiples petits dossiers des minéraux et métaux critiques en Amérique du Nord, dont Trilogy Metals, Critical Metals, Lithium Americas, MP Materials (...), ce qui fait évidemment flamber ces différentes valeurs en bourse.

Dans l'actualité des entreprises à Wall Street, Constellation Brands publiait hier soir ses résultats trimestriels, tandis que McCormick a annoncé ses comptes ce jour. PepsiCo, Delta Air Lines, Tilray, Applied Digital et Levi Strauss, dévoilent leurs résultats jeudi. Tesla doit pour sa part présenter aujourd'hui un VE à plus bas prix, selon les rumeurs.

Sur le Nymex, le baril de brut WTI recule de 0,2% à 61,5$. L'once d'or fin avance encore de 0,2% à 3.969$. L'indice dollar gagne 0,4% face à un panier de devises. Le bitcoin consolide à peine sous les 125.000$.

Les valeurs

AppLovin (+8,4%), groupe californien spécialisé dans le développement de logiciels de marketing mobile et de monétisation destinés notamment aux annonceurs et aux détenteurs d'espaces publicitaires numériques, grimpe à Wall Street. La Securities & Exchange Commission a enquêté pourtant sur les pratiques de collecte de données de l'entreprise, selon des sources de Bloomberg proches du dossier. L'agence a spécifiquement examiné les allégations selon lesquelles AppLovin aurait violé les accords de service de ses partenaires afin de proposer des publicités plus ciblées aux consommateurs, d'après les sources de Bloomberg qui ont requis l'anonymat. Les responsables de la SEC chargés de l'application de la loi en matière de cybersécurité et de technologies émergentes ont traité l'affaire.

McCormick (-3,1%), le géant américain des assaisonnements et épices, a publié pour son troisième trimestre fiscal un bénéfice ajusté par action de 85 cents, supérieur aux attentes, pour des revenus de 1,72 milliard de dollars (+3%) également meilleurs que prévu. Le bénéfice net s'établit à 225 millions. La croissance organique ressort à 2% avec les volumes. Le bénéfice opérationnel ajusté s'affiche à 294 millions de dollars contre 288 millions pour la période correspondante de l'an dernier. Pour l'exercice 2025, McCormick a réaffirmé ses perspectives de croissance des ventes et a mis à jour ses perspectives de résultat d'exploitation et de bénéfice par action afin de refléter la hausse des coûts des matières premières et les tarifs supplémentaires. Le bpa ajusté annuel est plus prudemment attendu entre 3 et 3,05$, contre 3,03 à 3,08$ auparavant.

Constellation Brands (+2,6%), le groupe américain spécialiste des boissons alcoolisées, aux marques Modelo, Corona et Mi Campo, a annoncé pour son deuxième trimestre fiscal un bénéfice ajusté par action de 3,63$, nettement supérieur aux attentes de marché, pour des revenus de 2,48 milliards de dollars. Les revenus reculent de 15% en glissement annuel et le bénéfice par action de 16%. Les livraisons poursuivent leur déclin dans les vins et spiritueux, mais résistent concernant la bière. L'activité bière continue de surperformer le secteur, devançant de plus d'un point de pourcentage la catégorie des boissons alcoolisées et de près de deux points de pourcentage la catégorie de la bière en termes de ventes en dollars d'une année sur l'autre dans le canal de distribution américain suivi par Circana. Constellation maintient sa guidance récente de bpa ajusté allant de 11,30 à 11,60$ sur l'exercice.

Spotify (-0,1%). OpenAI simplifie désormais la connexion des utilisateurs de ChatGPT à des applications tierces au sein du chatbot pour effectuer des tâches, note Bloomberg. C'est la dernière initiative de l'entreprise pour faire de son produit phare une passerelle incontournable pour les services numériques, explique l'agence. Grâce à cette option dévoilée hier lors de l'événement annuel des développeurs d'OpenAI, un utilisateur de ChatGPT peut par exemple demander à créer une playlist pour le week-end et l'application se connectera à Spotify pour lui proposer des suggestions. Il est également possible de rechercher une maison de trois chambres dans un quartier spécifique sur Zillow, sans quitter ChatGPT. D'autres applications, comme Figma, Expedia et Booking.com, sont aussi disponibles, énumère Bloomberg. Cette fonctionnalité, qu'OpenAI appelle 'parler aux apps' ("talking to apps"), nécessite une première connexion aux applications en question.

Tesla grimpait hier soir de 5,5% mais reperd 1,4% à Wall Street ce jour. Les investisseurs espèrent la présentation ce jour d'un Model Y plus abordable afin de soutenir les ventes du groupe suite à l'expiration des crédits fiscaux et dans un contexte de concurrence féroce. Le groupe a posté avant-hier deux énigmatiques vidéos courtes sur son compte X laissant espérer la présentation de ce modèle moins onéreux du constructeur automobile texan suite à l'expiration des crédits fiscaux aux USA. Dans une vidéo de neuf secondes publiée dimanche sur le réseau social X, le groupe d'Elon Musk a montré un véhicule phares allumés dans l'obscurité. L'entreprise a fait allusion à un événement prévu aujourd'hui dans une vidéo distincte montrant ce qui ressemble à une roue de Tesla tournant à grande vitesse, vidéo se terminant par la mention '10/7'.

Reuters note que Tesla avait déjà retardé le lancement d'une version plus économique du Model Y aux États-Unis. En juin, l'entreprise avait annoncé avoir produit les premières versions du véhicule, ajoutant qu'elle le commercialiserait au quatrième trimestre et augmenterait sa production plus lentement que prévu. La version allégée est conçue pour être environ 20% moins chère à produire que le Model Y modernisé et pourrait atteindre environ 250.000 unités par an aux États-Unis d'ici 2026, avaient indiqué des sources à Reuters plus tôt cette année... Musk promet de longue date un véhicule dédié au marché de masse, mais a selon Reuters annulé l'an dernier des plans de production d'un nouveau VE à 25.000$. En fin d'année dernière, le milliardaire a évoqué un seuil clé de prix de 30.000$ en tenant compte des crédits américains d'impôt.

Dell (+1,7%) grimpe à Wall Street vers ses sommets historiques, alors que le groupe vient de doper ses prévisions de croissance des revenus et de bénéfices à long terme avec la demande en serveurs d'IA. Le groupe envisage désormais une croissance annuelle composée des revenus allant de 7 à 9%, contre 3-4% auparavant. Le bénéfice ajusté par action est attendu sur un rythme annuel de croissance de 15% au moins, bien plus que les 8% auparavant estimés. Enfin, le groupe affiche un engagement prolongé d'augmenter le dividende trimestriel de 10% ou plus par an jusqu'à l'exercice 2030.

Les avantages concurrentiels et le modèle opérationnel de Dell sont renforcés par l'IA, offrant des solutions complètes de pointe, le plus grand moteur de commercialisation du secteur, une chaîne d'approvisionnement de premier plan et des services mondiaux inégalés, explique le groupe. "Les clients sont demandeurs d'IA et des solutions de calcul, de stockage et de réseau que nous proposons pour déployer l'intelligence à grande échelle. Nous traduisons avec succès cette demande en croissance et en flux de trésorerie importants, largement reversés à nos actionnaires", a déclaré Michael Dell, président-directeur général de Dell Technologies. "Alors que l'IA continue de se développer auprès des entreprises et des administrations publiques du monde entier, les opportunités qui s'offrent à nous sont considérables"...