Un an après, hommage dans la tension pour les victimes des inondations en Espagne
"Assassin!" "Lâche!" La cérémonie d'hommage aux plus de 230 personnes disparues il y a un an dans des inondations en Espagne a été marquée par des insultes au président de la région de Valence Carlos Mazón, un homme que les familles des victimes ne voulaient pas voir et dont elles réclament la démission.
Ces funérailles d'Etat, qui ont duré une heure à Valence (est), troisième ville du pays, devaient être un moment solennel, mais la colère de nombreux habitants semble n'être pas retombée un an après.
De nombreuses questions demeurent sur la gestion désastreuse de la catastrophe par le gouvernement de droite de la région de Valence, et surtout son président Carlos Mazón, dont les habitants des zones sinistrées réclament en vain la démission.
Malgré les appels lancés par les familles de victimes pour qu'il ne vienne pas, M. Mazón a tenu à se rendre à la cérémonie d'hommage mais ne s'est pas risqué à les saluer, contrairement au roi Felipe VI, à la reine Letizia et au Premier ministre socialiste Pedro Sánchez.
Lors d'un bref discours, le souverain, applaudi à son entrée dans la salle, a jugé "nécessaire de continuer à analyser les causes et les circonstances de la tragédie" afin d'en tirer "les leçons",
Les maires des 78 communes de la périphérie sud de Valence qui furent dévastées ce jour-là par un torrent d'eau et de boue, ainsi que 800 proches des 237 victimes, étaient également présents. La quasi-totalité des décès (229) ont été enregistrés dans la province de Valence, huit personnes ayant trouvé la mort dans d'autres régions.
Le président régional Carlos Mazón a, lui, tenté d'être discret mais il a été agoni d'insultes par certains membres de l'assistance.
Le matin, il avait esquissé de vagues regrets, sans toutefois admettre une faute, disant avoir fait "le maximum dans une situation inimaginable, mais dans de nombreux cas, ce ne fut pas suffisant et aujourd'hui, nous devons de nouveau le reconnaître".
A la fin de la cérémonie, les insultes ont repris de plus belle, certains lançant: "En prison!", "Démission!"
"Un jour très dur"
"Elle n'est pas morte, elle a été assassinée", accuse le t-shirt porté par Eva Tarazona, 49 ans, rencontrée par l'AFP dans l'assistance. Sa mère, âgée de 79 ans, est décédée à Paiporta : "La maison lui est tombée dessus." Selon elle, "il n'y a pas de justice, rien n'a été fait et c'est normal que nous soyons comme ça".
A Paiporta, ville martyre de 27.000 résidents où il y eu 56 morts, le deuil durera trois jours. Une veille marquée par trois minutes de silence était prévue à 19H00 (18H00 GMT).
Dans une des rues principales, une pharmacie a installé sur le sol devant sa façade une rangée de bougies rouges et blanches pour rendre hommage aux victimes.
"Je ne crois pas que la blessure se fermera un jour", a indiqué à l'AFP, les yeux humides, la pharmacienne Carmen Rausell, 61 ans.
Cette tristesse est partout dans les rues de la ville. "Aujourd'hui va être un jour très dur pour tout le monde, parce que c'est très dur de revivre" ce qu'il s'est passé, a renchéri Marga Fernández, une retraitée de 68 ans.
Personne dans ces localités meurtries n'a oublié ces images d'effroi, celles de torrents d'eau boueuse emportant tout sur leur passage, piégeant de nombreux habitants bloqués dans leur voiture, dans un parking souterrain ou parfois surpris chez eux dans de petites maisons qui ne purent résister aux flots.
Plus de 130.000 véhicules avaient été arrachés et emportés, parfois empilés dans des amoncellements gigantesques. Des milliers de logements avaient été dévastés et rendus insalubres.
Ce tsunami d'eau et de boue avait tout charrié sur son passage, générant un total de 800.000 tonnes de déchets.
La semaine dernière, le corps d'un homme a été retrouvé à 30 km de l'endroit où il avait disparu, après avoir été charrié par le fleuve Turia. Deux corps n'ont toujours pas été retrouvés.
Introuvable
Les sinistrés accusent les autorités régionales de ne pas les avoir avertis suffisamment tôt du danger, alors que les services météorologiques nationaux avaient émis dès le matin une alerte rouge (risque maximal) pour toute la région.
L'heure du SMS d'alerte envoyé par les autorités régionales aux habitants à 20H11 (soit plus de douze heures après l'alerte rouge de l'agence météorologique) reste ainsi au coeur des débats et à l'origine de l'hostilité populaire à l'encontre de M. Mazón.
Signe que la colère est toujours là, plus de 50.000 personnes ont manifesté samedi dans le centre-ville de Valence pour demander "justice" et réclamer la démission de M. Mazón, qui fut introuvable tout l'après-midi du 29 octobre 2024.
Son emploi du temps ce jour-là demeure au centre des discussions et des enquêtes.
■
Copyright © 2025 AFP. Tous droits de reproduction et de représentation réservés.
Toutes les informations reproduites dans cette rubrique (dépêches, photos, logos) sont protégées par des droits de propriété intellectuelle détenus par l'AFP. Par conséquent, aucune de ces informations ne peut être reproduite, modifiée, transmise, rediffusée, traduite, vendue, exploitée commercialement ou utilisée de quelque manière que ce soit sans l'accord préalable écrit de l'AFP. l'AFP ne pourra être tenue pour responsable des délais, erreurs, omissions, qui ne peuvent être exclus ni des conséquences des actions ou transactions effectuées sur la base de ces informations.
- 0 vote
- 0 vote
- 0 vote
- 0 vote
- 0 vote