"Jamais rien vu de tel": au lendemain de Melissa, la Jamaïque stupéfiée par les dégâts
Maisons soufflées, toits envolés, routes coupées, inondées et jonchées de débris: au lendemain du passage de Melissa, la Jamaïque découvre avec stupéfaction mercredi l'ampleur des dégâts causés par l'un des plus puissants ouragans jamais recensés.
Vingt-quatre heures après que Melissa a traversé l'île caribéenne avec ses vents dévastateurs autour de 300 km/h, le bilan humain est encore inconnu.
Les dégâts matériels sont eux bien visibles, en particulier dans l'ouest du pays.
"J'ai vécu trois ou quatre ouragans ici. Je n'ai jamais rien vu de tel. Ca n'a jamais été aussi grave", peine encore à réaliser auprès de l'AFP Andrew Houston Moncure, propriétaire d'un complexe touristique en bord de mer à Bluefields, sur la côte sud-ouest, là où Melissa a touché terre.
"Chacune de nos six villas a perdu son toit, et il n'y a plus qu'un trou" à la place, se désole-t-il. "La cuisine de notre hôtel a été détruite. Un arbre est tombé sur notre générateur."
"Les arbres encore debout ne sont plus que des troncs. Il n'y a plus de branches. Tout est à terre. Les lignes électriques sont couchées. Il y a des pierres sur la route. Il faudra probablement des jours avant que la route ne soit accessible", observe l'hôtelier, seulement relié au reste du monde par un rare kit portable de connexion à internet Starlink qu'il recharge comme ses batteries à son pick-up.
Champs de bananiers aplatis
A l'évocation des heures où Melissa s'est déchaînée au-dessus de l'île, et de la maison habituée aux ouragans dans laquelle il s'est replié avec son fils de vingt mois et sa femme, le père de famille est à fleur de peau.
Des chambres en sous-sol, "on a fini par se réfugier dans la douche, encore plus à l'intérieur de la maison, avec des oreillers et des couvertures. Ca a été l'expérience la plus effrayante", dit-il avec des sanglots dans la voix. "La pression est tellement basse que vous avez du mal à respirer, et le bruit, c'est comme si un train de marchandises vous roulait dessus."
Le quadragénaire se considère néanmoins "chanceux" à la vue des "maisons en bois effondrées dans les collines". "Des gens de nos équipes et du voisinage ont dû trouver le moyen de s'extraire des décombres."
Du restaurant de Christopher Hacker, à Seaford Town, haut dans les terres de l'ouest, ne reste qu'un squelette de structure en bois, quasi sans toit ni cloisons, avec quelques plaques de tôle ondulée brinquebalantes. "Tout a disparu", écrit-il à l'AFP, images à l'appui.
"Il y a des dégâts structurels, sur des véhicules, sur la ferme...", énumère-t-il. Ses champs de bananiers sont complètement aplatis.
Depuis la capitale Kingston où elle vit, Lisa Sangster raconte à l'AFP "le toit en partie emporté par le vent, en partie effondré", et "toute la maison" de ses parents "inondée" à Barbary Hall, entre montagnes et côte. "La cuisine extérieure, le chenil et les enclos pour les chèvres sont détruits. Le verger et le potager de ma mère sont rasés", poursuit-elle.
Coupés du monde
Dans des images aériennes partagées par le gouvernement jamaïcain, filmées dans la province de Saint-Elizabeth, battue par les vents les plus violents, une mer de maisons au toit nu, de végétation rudoyée et à vif, de terrains inondés et de débris, défile sous le soleil revenu.
A Black River, son chef-lieu, l'église anglicane St John n'a plus que sa tour carrée debout. L'hôpital aussi est "dévasté, faute d'autre mot", lâche un ministre.
"Catastrophique est un mot léger au regard de ce qu'on observe ici", constatent les autorités locales mercredi. "Nous avons un besoin urgent d'aide."
Tôle, poutres, branches: dans des vidéos transmises à l'AFP, réalisées la veille après le passage du plus gros de l'ouragan par Warrell Nicholson, policier de la ville, on voit les rues inondées et jonchées de débris au fur et à mesure qu'il avance les pieds dans l'eau. Poteaux et lignes électriques sont à terre. Le vent souffle encore fort.
Impossible à ce stade de mesurer l'ampleur de la catastrophe. "Le problème, c'est que nous n'avons pas pu avoir accès aux populations rurales, totalement coupées du monde en termes de communication. Les routes sont impraticables", dit le policier.
"Beaucoup de maisons ont été détruites", note le gouvernement jamaïcain, et environ 600.000 foyers restent privés d'électricité.
"La route de la reconstruction va être longue", prévoit Andrew Houston Moncure.
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