Wall Street : un 'shutdown' ET des destructions d'emplois dans le privé !
Beaucoup pour la journée ?

Wall Street corrige avant bourse ce mercredi avec l'officialisation du 'shutdown', fermeture partielle des administrations fédérales, ainsi que des chiffres déprimés de l'emploi privé. Le S&P 500 cède 0,4%, le Dow Jones 0,2% et le Nasdaq 0,5%, alors que la place américaine avait bien résisté hier soir, terminant sur ses sommets ou presque. Le gouvernement américain a donc basculé vers un 'shutdown' ce mercredi, les Démocrates ayant bloqué un plan de financement provisoire républicain qui ne répondait pas à leurs demandes. Le Bureau de la gestion et du budget de la Maison Blanche a ordonné aux agences gouvernementales de mettre en oeuvre leurs plans pour un shutdown ordonné... Les derniers chiffres de l'emploi d'ADP montrent par ailleurs 32.000 destructions de postes en septembre, ce qui surprend négativement du point de vue économique mais ouvre aussi la voie à de nouvelles baisses de taux de la Fed. Ce catalyseur monétaire pourrait donc sauver la séance, avec également l'activité de fusions et acquisitions (un deal potentiel de 10 milliards pour Berkshire et Warren Buffett, un autre de 38 milliards pour GIP et BlackRock sur AES).
Le 'shutdown', le premier depuis 2018-2019, prend effet ce jour en l'absence d'accord budgétaire au Congrès. Un tel blocage pourrait retarder notamment le rapport sur l'emploi américain attendu en principe vendredi (consensus FactSet 50.000 créations de postes non agricoles, 75.000 dans le privé, 4,3% de taux de chômage), ainsi que d'autres 'stats' notables... Tout dépendra de la durée de ce blocage. Les opérateurs gardent en mémoire la durée historique du dernier shutdown de 2018-2019, de sept semaines durant le premier mandat de Trump, mais les choses pourraient être différentes cette fois avec de nouveaux votes qui pourraient être rapidement programmés.
Les Démocrates du Congrès et Trump se sont enlisés hier dans une confrontation sur les dépenses de santé, entrainant une paralysie du gouvernement qui perturbera les services nationaux et mettra au chômage partiel des fonctionnaires fédéraux. Trump et les dirigeants du Congrès ont concentré leurs interventions publiques tout au long de la journée de mardi sur l'accusation mutuelle de la suspension du financement, note Bloomberg. Un dernier vote sur un projet de loi de dépenses provisoires a échoué mardi soir par 55 voix contre 45, les Républicains n'ayant pas obtenu les 60 sénateurs nécessaires pour surmonter le blocage démocrate, rappelle l'agence.
Le financement gouvernemental expirait hier à minuit. Les travailleurs essentiels, comme les militaires, travailleront sans salaire, tandis que les employés fédéraux non essentiels seront mis au chômage partiel, détaille Bloomberg. Jusqu'à 750.000 fonctionnaires fédéraux pourraient être mis au chômage partiel temporaire même si Trump ne procède pas à des licenciements définitifs, selon une estimation du Congressional Budget Office relayée par Bloomberg. Trump a haussé le ton hier en affirmant que son administration pourrait licencier définitivement beaucoup de fonctionnaires fédéraux en cas de 'shutdown'. Le gouvernement fédéral a généralement recours au chômage partiel temporaire en cas de suspension du financement, puis leur verse des arriérés de salaire à la fin du blocage, rappelle Bloomberg.
Sur le front économique aux USA ce mercredi, les États-Unis ont détruit pas moins de 32.000 emplois dans le privé au mois de septembre, selon le rapport d'ADP, alors que les économistes de la place anticipaient en moyenne 50.000 créations. Pire encore, les chiffres du mois d'août ont été révisés en forte baisse, à 3.000 destructions de postes contre 54.000 créations précédemment évaluées. De quoi alimenter les craintes d'un profond ralentissement du marché américain de l'emploi, mais aussi faire remonter les anticipations de baisse des taux.
"Malgré la forte croissance économique observée au deuxième trimestre, la publication de ce mois-ci confirme davantage ce que nous avons observé sur le marché du travail, à savoir que les employeurs américains ont été prudents en matière d'embauche", indique Nela Richardson, cheffe économiste d'ADP.
En septembre, ADP a procédé à son réétalonnage préliminaire annuel du Rapport national sur l'emploi, basé sur les résultats du Recensement trimestriel de l'emploi et des salaires pour l'année 2024. Ce réétalonnage a entraîné une réduction de 43.000 emplois en septembre par rapport aux données antérieures à l'étalonnage. La tendance est restée inchangée ; la création d'emplois a continué de ralentir dans la plupart des secteurs.
En septembre, les entreprises de 1 à 19 personnes ont détruit 19.000 postes, alors que les entreprises de 20 à 49 personnes ont supprimé 21.000 emplois. Les compagnies de 50 à 249 personnes ont détruit 11.000 emplois et celles de 250 à 499 personnes ont supprimé 9.000 postes. En revanche, les grandes entreprises (plus de 500 personnes) ont généré 33.000 emplois.
L'indice PMI manufacturier final de S&P Global pour septembre sera annoncé à 15h45 (consensus 52). Les dépenses de construction pour le mois d'août (16h, consensus +0,1%) et l'ISM manufacturier de septembre (16h, consensus 49,3) sont aussi attendus.
Il est probable néanmoins que le shutdown vienne perturber le calendrier aujourd'hui et les jours prochains... Demain, sont en principe attendues l'étude Challenger, Gray & Christmas concernant les destructions d'emplois annoncées par les entreprises américaines pour septembre (13h30), les inscriptions au chômage pour la semaine close le 27 septembre (14h30, consensus 222.000), ainsi que les commandes industrielles américaines d'août (16h, consensus +0,7%). Lorie Logan de la Fed sera aussi à suivre.
Enfin, vendredi, le rapport sur l'emploi devait tenir la vedette, mais les investisseurs pourront aussi s'intéresser à l'indice PMI composite final de septembre (consensus 53,8 pour les services), à l'ISM des services (consensus 51,8), ou encore aux interventions de John Williams et Philip Jefferson de la Fed.
Dans l'actualité des entreprises, Nike a publié hier soir des comptes à moitié rassurants. RPM International, ConAgra, Cal-Maine et Acuity, dévoilent leurs chiffres ce jour. Berkshire Hathaway pourrait pour sa part racheter OxyChem pour 10 milliards de dollars.
Les valeurs
Berkshire Hathaway, la firme du légendaire Warren Buffett, serait sur le point d'acquérir l'activité pétrochimique d'Occidental Petroleum pour environ 10 milliards de dollars, selon Bloomberg et le Wall Street Journal. La transaction pourrait être annoncée dans les prochains jours, a indiqué une source de Bloomberg, qui a requis l'anonymat, les discussions étant confidentielles. Il s'agirait de la plus importante transaction de Berkshire depuis l'acquisition d'Alleghany en 2022 pour 13,7 milliards de dollars, selon des données compilées par Bloomberg.
Après des années sans transactions importantes, passées à liquider progressivement des participations importantes comme sa position sur Apple, "Buffett semble de retour à l'offensive", lance Bloomberg. L'oracle d'Omaha, âgé de 95 ans, qui quittera ses fonctions de directeur général de Berkshire à la fin de l'année, a misé 1,6 milliard de dollars sur UnitedHealth Group ces derniers mois, note tout de même Bloomberg. Malgré tout, la trésorerie du conglomérat s'élevait à 344 milliards de dollars fin juin, un niveau proche d'un record. Occidental, soutenu par Berkshire, a annoncé près de 4 milliards de dollars de cessions d'actifs depuis le début de l'année dernière afin de rembourser sa dette, rappelle Bloomberg. L'an dernier, le groupe a racheté son concurrent CrownRock pour 10,8 milliards de dollars. OxyChem, qui fabrique des produits chimiques de base tels que le chlore, l'hydroxyde de sodium et les produits vinyliques, devrait générer un bénéfice avant impôts de 800 à 900 millions de dollars cette année.
AES grimpe avant bourse à Wall Street, alors que selon le Financial Times, Global Infrastructure Partners, détenu par BlackRock, serait proche d'une offre de 38 milliards de dollars dette comprise pour racheter le groupe énergétique spécialiste de la production et la distribution d'électricité. Le FT cite à ce sujet des sources informées de la question. Les discussions entre GIP et AES, groupe de Virginie, en seraient à un stade avancé, mais pourraient encore échouer. GIP est un fonds d'investissement de BlackRock spécialisé dans les infrastructures. En juillet, Bloomberg avait déjà rapporté qu'AES étudiait ses options stratégiques, dont une possible cession, suite à des marques d'intérêt de certaines firmes d'investissement.
Tesla. Les ventes de Tesla ont progressé en France mais aussi au Danemark le mois dernier pour la première fois cette année, selon les données sectorielles locales publiées ce mercredi et relayées notamment par Reuters. Le Model Y remanié du constructeur texan de voitures électriques s'est imposé comme le modèle le plus vendu au Danemark, note par ailleurs l'agence. Les ventes de l'entreprise ont continué de progresser en Norvège, où les véhicules électriques dominent le marché et où Tesla figure depuis longtemps parmi les meilleures ventes du pays, relève également Reuters...
Tesla a par ailleurs augmenté les prix de location de tous ses véhicules aux États-Unis après l'expiration d'un crédit d'impôt fédéral de 7.500$ qui avait contribué à stimuler les ventes de VE, relève Reuters, qui reprend des données du site web de l'entreprise. Cette modification fait suite à la fin des incitations fiscales prévues par une loi d'envergure adoptée par le Congrès, qui a supprimé le crédit de 7.500$ pour les locations et achats de véhicules électriques neufs, ainsi qu'un crédit de 4.000$ pour les véhicules électriques d'occasion, à compter du 30 septembre.
Nike prend 4% avant bourse à Wall Street, suite à l'annonce d'un premier trimestre fiscal supérieur aux attentes, et malgré l'impact des tarifs douaniers de Donald Trump ou la faiblesse confirmée de l'activité en Chine. Sur ce trimestre clos fin août 2025, le groupe de Beaverton, dans l'Oregon, a donc réalisé des revenus de 11,7 milliards de dollars en augmentation de 1% en données publiées et en glissement annuel, et en repli de 1% à devises constantes. Les revenus directs ont été de 4,5 milliards, en recul de 4% en données publiées et de 5% à devises constantes, tandis que les ventes de gros ont atteint 6,8 milliards, en augmentation de 7% (+5% hors effets de change). La marge brute a régressé de 320 points de base à 42,2%. Le bénéfice dilué par action a été de 49 cents, en baisse de 30%, tandis que le bénéfice net a décliné de 31% à 0,7 milliard de dollars. Les stocks s'élevaient à 8,1 milliards de dollars, en baisse de 2%. Cette baisse reflète une diminution du nombre d'unités, partiellement compensée par une hausse du coût des produits, principalement due à la hausse des droits de douane en Amérique du Nord. La trésorerie, les équivalents de trésorerie et les placements à court terme s'élevaient à 8,6 milliards de dollars...
RPM International, le spécialiste américain des revêtements spéciaux, des produits d'étanchéité et des matériaux de construction, fléchit avant bourse à Wall Street. Le groupe de Medina, dans l'Ohio, a affiché pour son premier trimestre fiscal un bénéfice ajusté par action de 1,88$, très légèrement au-dessus du consensus, pour des revenus de 2,11 milliards de dollars également supérieurs aux attentes, en croissance de 7,4% et atteignant un niveau record. Le bénéfice net trimestriel ressort à 227,6 millions de dollars, tandis que l'Ebit ressort record à 314 millions. L'Ebit ajusté s'élève à 338 millions de dollars. Pour l'exercice 2026 dans son ensemble, la croissance des ventes est attendue dans le haut de la fourchette antérieure - le groupe envisageait une hausse à un chiffre bas à moyen. En revanche, l'Ebit ajusté est attendu en bas de fourchette, ce qui devrait représenter une progression à un chiffre haut plutôt qu'à deux chiffres bas.
Acuity, leader américain de la technologie industrielle liée à l'espace, à la lumière et bien d'autres, a annoncé pour son quatrième trimestre fiscal un bénéfice ajusté par action de 5,20$ (+21%) nettement supérieur au consensus, pour des revenus de 1,21 milliard de dollars (+17%) quant à eux conformes aux anticipations. Sur l'exercice clos, le bénéfice net s'est établi à 397 millions de dollars pour des revenus de 4,35 milliards de dollars (+13%).
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