Wall Street : la Fed en question

Wall Street a consolidé ses positions lundi, en attendant le verdict monétaire de la Fed mercredi soir ainsi que le discours de son patron Jerome Powell... Le Dow Jones a reculé de 0,45% à 47.739 pts, tandis que le S&P 500 a perdu 0,35% à 6.846 pts. Le Nasdaq s'est tassé de 0,14% à 23.545 pts. L'actualité boursière a été marquée par la surenchère de Paramount sur le dossier Warner Bros. Alors que Netflix proposait près de 28$ par titre Warner, Paramount Skydance a annoncé une offre hostile à 30$ par action ! Parmi les autres événements majeurs de la semaine, Oracle publiera ses résultats mercredi soir, tandis que Broadcom et Costco présenteront leurs comptes jeudi après bourse...

Mardi, les investisseurs suivront par ailleurs les chiffres de la productivité non-agricole du troisième trimestre et les coûts unitaires du travail, ainsi que le rapport JOLTS sur les ouvertures de postes aux États-Unis pour octobre... L'indice du coût de l'emploi, le rapport hebdomadaire sur les stocks pétroliers domestiques américains pour la semaine close le 5 décembre, ainsi que la balance budgétaire de novembre, sont attendus mercredi, mais c'est donc surtout la Fed qui tiendra la vedette avec son communiqué monétaire et la conférence de presse de Jerome Powell mercredi soir.

Selon l'outil CME FedWatch, la probabilité d'une baisse de taux d'un quart de point mercredi se situe à 87,4%, ce qui ramènerait le taux des 'fed funds' entre 3,50 et 3,75%. Le même outil montre que la banque centrale américaine pourrait bien opter ensuite pour un statu quo en janvier, avant de reprendre ses assouplissements monétaires en mars et/ou avril.

Rappelons que Donald Trump plaide toujours pour une forte baisse des taux, mais que le patron de la Fed s'est jusqu'à présent montré réticent... Kevin Hassett, le Président du Conseil économique national américain, est désormais le grand favori pour prendre la succession de Powell, et devrait afficher une posture monétaire bien plus souple. Mais il faudra en principe attendre la fin du mandat de "Too Late" Powell en mai prochain...

Jeudi, le programme économique restera relativement chargé, avec la balance du commerce international des biens et services, les inscriptions hebdomadaires au chômage pour la semaine close le 6 décembre, l'indice des prix à la production, ainsi qu'une étude trimestrielle sur les services. Enfin, la semaine se terminera par une belle brochette de responsables de la Fed vendredi, Austan Goolsbee, Beth Hammack et Anna Paulson prenant la parole.

Ailleurs dans le monde, l'incertitude demeure concernant l'issue du conflit en Ukraine, alors que Trump s'est montré encore très critique vis-à-vis de l'attitude de Volodymyr Zelensky - qui n'aurait pas lu sa proposition selon le président américain... Zelensky serait informé ce lundi du dialogue de son équipe avec les responsables américains, selon le négociateur de Kiev, Roustem Oumerov. Le président ukrainien, qui s'est entretenu avec Steve Witkoff, envoyé spécial de Trump, et Jared Kushner, gendre du président américain, se rend ce lundi à Londres où il doit échanger avec Emmanuel Macron, ainsi que le Premier ministre britannique Starmer et le chancelier allemand Merz.

Sur le Nymex, le baril de brut WTI a reperdu 1,9% à 58,4$. L'once d'or fin cède 0,2% à 4.182$. L'indice dollar avance de 0,2% face à un panier de devises. Le bitcoin revient à 90.200$.

Les valeurs

Warner Bros. Discovery s'adjuge 4,4% supplémentaires sur un nouveau rebondissement à Wall Street : Après l'offre d'acquisition de 72 milliards de dollars (83 milliards dette comprise) de Netflix (-3,4%), Paramount Skydance (+9%) vient de lancer une offre hostile de plus de 108 milliards de dollars (74 milliards de dollars de valeur 'equity') pour Warner Bros. Paramount, qui avait soumis déjà plusieurs offres depuis septembre, propose de racheter la totalité de Warner Bros. Discovery pour 30$ par action, contre près de 28$ par action pour l'offre de Netflix.

Paramount (+9%) lance ici une offre entièrement en cash pour l'acquisition de Warner Bros. Discovery. "L'offre présente une valeur supérieure et une perspective de finalisation plus rapide et plus sûre pour les actionnaires de WBD", juge Paramount Skydance. Les fonds seront garantis par Ellison Family et RedBird Capital, en plus de la dette entièrement engagée par Bank of America, Citi et Apollo. L'obligation de porter l'offre directement auprès des actionnaires de Warner Bros. s'explique par le fait qu'ils pourraient "ne ne pas avoir été informés de l'opération la plus avantageuse", selon Paramount. "L'opération avec Netflix offre aux actionnaires de WBD une valeur inférieure et incertaine, un processus d'autorisation réglementaire long et complexe impliquant plusieurs juridictions, une combinaison complexe et volatile de fonds propres et de liquidités, et la propriété de Global Networks en tant qu'entreprise indépendante surendettée dont la valeur boursière future est incertaine", estime Paramount Skydance. Paramount explique qu'il s'agit d'une offre entièrement en numéraire à 30$ par action, valorisant l'entreprise à 108,4 milliards de dollars, soit une prime de 139% par rapport au cours de l'action WBD de 12,54 $ au 10 septembre 2025. À l'inverse, la proposition de Netflix repose sur une structure jugée "complexe et volatile", valorisée à 27,75$ par action (23,25 $ en numéraire et 4,50$ en actions), soumise à des clauses de protection et aux performances futures de Netflix, pour une valeur d'entreprise de 82,7 milliards de dollars (hors SpinCo). L'offre de Paramount "porte sur l'intégralité de WBD, sans laisser aux actionnaires une participation résiduelle et fortement endettée dans Global Networks, contrairement à ce que prévoit l'accord avec Netflix", insiste Paramount.

Paramount Skydance est pleinement confiant dans l'obtention rapide de l'approbation des autorités de régulation pour son offre, car celle-ci "renforce la concurrence et est favorable aux consommateurs, tout en créant un acteur majeur pour la création et la liberté de choix des consommateurs". "L'opération Netflix repose sur l'hypothèse irréaliste que son rapprochement anticoncurrentiel avec WBD, qui consoliderait son monopole avec 43% de parts de marché mondiales pour la vidéo à la demande par abonnement (SVOD), pourrait résister à de multiples et longues procédures réglementaires à travers le monde", lance Paramount. Dans de nombreux pays de l'Union européenne, l'opération Netflix associerait le leader du marché de la SVOD à son principal concurrent, le numéro deux ou le troisième, ajoute le groupe. "Cette opération engendre un risque manifeste de hausse des prix pour les consommateurs, de baisse des rémunérations pour les créateurs et les talents, et de disparition des exploitants de salles de cinéma américains et internationaux. Netflix n'a jamais réalisé d'acquisitions d'envergure, ce qui accroît le risque d'exécution que les actionnaires de WBD devraient supporter", souligne encore Paramount.

Strategy (+2,6%) a acquis encore 10.624 BTC pour environ 962,7 millions de dollars, soit environ 90.615 dollars par bitcoin, selon un message du fondateur du groupe, Michael Saylor, sur X. "Au 7 décembre 2025, nous détenons 660.624 BTC acquis pour environ 49,35 milliards de dollars, soit environ 74.696$ par bitcoin", ajoute Saylor. Rappelons que la stratégie d'accumulation de bitcoins du groupe ne séduit plus vraiment les opérateurs ces derniers mois, le titre étant retombé de près de 40% depuis le début de l'année.

IBM (+0,4%) va comme prévu acquérir Confluent (+29%) "pour créer une plateforme de données intelligente dédiée à l'IA générative d'entreprise". L'acquisition de 11 milliards de dollars vise à fournir une plateforme de données complète permettant aux entreprises de connecter, traiter et gouverner leurs données pour les applications et les agents d'IA. L'opération devrait avoir un effet positif sur l'EBITDA ajusté dès la première année et sur le flux de trésorerie disponible la deuxième année suivant la finalisation de l'acquisition.

IBM et Confluent, pionnier californien du streaming de données, ont annoncé aujourd'hui la signature d'un accord définitif en vertu duquel IBM acquerra la totalité des actions ordinaires émises et en circulation de Confluent au prix de 31$ par action, ce qui représente une valeur d'entreprise de 11 milliards de dollars. Confluent fournit une plateforme open source de streaming de données d'entreprise de premier plan qui connecte, traite et gouverne des données et des événements réutilisables et fiables en temps réel, essentiels au déploiement de l'IA. IDC estime que plus d'un milliard de nouvelles applications logiques verront le jour d'ici 2028, transformant les architectures technologiques de tous les secteurs. Pour générer des résultats concrets et optimiser la productivité opérationnelle, ces applications, ainsi que les agents d'IA, ont besoin d'accéder à des données connectées et fiables, en temps réel. IBM et Confluent permettront une intégration de bout en bout des applications, des analyses, des systèmes de données et des agents d'IA afin de renforcer l'intelligence et la résilience des environnements de cloud hybride.

NextEra Energy (-3,1%) étend son partenariat avec Google Cloud (Alphabet) afin d'augmenter la capacité de ses centres de données de plusieurs gigawatts et de renforcer l'infrastructure énergétique à travers les États-Unis. NextEra Energy et Google Cloud ont ainsi annoncé un renforcement significatif de leur collaboration de longue date dans les domaines de l'énergie et des technologies. Les deux partenaires développeront plusieurs nouveaux campus de centres de données d'une capacité de plusieurs gigawatts, assortis des capacités de production et de stockage d'énergie nécessaires. Ils collaboreront également à la transformation numérique globale de NextEra Energy, en s'appuyant sur l'IA et l'infrastructure de Google Cloud, afin d'accélérer l'innovation technologique et le déploiement de l'IA, deux technologies de pointe pour l'entreprise.

JP Morgan Chase (stable) vient de recruter le gérant vétéran de Berkshire Hathaway (-1,4%), Todd Combs, alors même que Warren Buffett se prépare à tirer sa révérence et sera remplacé par Greg Abel début janvier. Combs, directeur des investissements chez Berkshire, va prendre la tête du groupe d'investissement stratégique de l'initiative de sécurité et résilience de JP Morgan, plan de 1.500 milliards sur dix ans visant à soutenir les industries vitales pour la sécurité et la résilience des États-Unis. Il travaillera en lien avec les segments Commercial & Investment Bank et Asset & Wealth Management de JPM et sera chargé de trouver des opportunités pour les moyennes et grandes entreprises clientes dans les secteurs de la défense, de l'aérospatiale, de la santé et de l'énergie, note Reuters. Combs a déjà siégé au board de JP Morgan et prendra ses nouvelles fonctions en janvier, rapportant au CEO Jamie Dimon.