Entretien avec Damien Mariette, Gérant du fonds CPR Invest -European Strategic Autonomy

Boursier.com : Le fonds CPR Invest -European Strategic Autonomy que vous gérez a été lancé en 2023. On imagine votre démarche confortée suite à l'annonce du plan ReArm Europe il y a quelques jours... Quelle était initialement la philosophie qui a présidé à son lancement ?

Nous avons fait le constat que le monde dans lequel nous vivons évolue à un rythme sans précédent. La succession de crises vécues ont mis en lumière l'importance de l'autonomie stratégique européenne. Celle-ci désigne la capacité de l'UE à agir de manière autonome, c'est-à-dire sans dépendre d'autres pays, dans des secteurs stratégiques clés. Ceux-ci peuvent aller de l'économie à l'industrie, en passant par la santé, l'alimentation, l'approvisionnement énergétique ou encore la défense. Cette thématique a été soulevée par la Commission européenne et est au coeur de son mandat. Lors de son discours sur l'état de l'Union en septembre 2022, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a déclaré : " Je militerai pour la création d'un nouveau Fonds de souveraineté européen. Assurons-nous que l'avenir de l'industrie se construise en Europe. " Des objectifs clés ont été identifiés, financés par des investissements publics et privés, faisant de cette thématique l'un des axes majeurs des années à venir.

Boursier.com : Ne faut-il pas prendre ses bénéfices, ou une partie d'entre eux, après l'envolée des valeurs liées à la Défense ? Ont-elles encore du potentiel selon vous ?

Nous sommes sur la thématique de l'autonomie stratégique européenne dans un temps long. Il peut parfois sembler judicieux de prendre des bénéfices à court terme, mais il ne faut pas oublier quels sont les enjeux et les objectifs des plans européens qui servent à amorcer les différents pans d'une autonomie stratégique européenne, ou souveraineté, à l'image du Chip Act, du EU Green Deal ou plus récemment du ReArm Europe. L'Europe s'engage avec force sur le chemin de l'accroissement des dépenses militaires après des décennies de réductions. Un conflit militaire sur le sol européen et un possible désengagement des Etats-Unis de l'Europe ont donné le départ d'une course au réarmement. Les 3 décennies de sous-investissement ne seront pas comblées en quelques années. Nous estimons qu'il y a encore du potentiel sur cette thématique du réarmement de l'UE, mais également sur celle de la réindustrialisation.

Boursier.com : La thématique Défense n'entre-t-elle pas en contradiction avec les attentes des critères ESG ? Comment conciliez-vous les deux ?

Nos investissements ont toujours suivi la politique d'investissement responsable du groupe Amundi. Nous avons toujours été investis dans des entreprises produisant des armes conventionnelles et avons toujours refusé d'investir dans celles qui les fabriquent d'une manière non conforme aux prescriptions des conventions internationales signées par la France.

Boursier.com : Outre la Défense, quelles sont les autres composantes sectorielles du fonds ?

Plutôt que de communiquer sur les différentes expositions sectorielles, je préfère mettre en avant les dimensions que nous considérons comme stratégique, afin que l'UE regagne son indépendance. Celles-ci sont financière (17 %), Sanitaire (9 %), alimentaire (11.5 %), énergétique (19 %), technologique (14 %) et industrielle (16 %).

Boursier.com : Le recul est encore faible, mais quelle est la performance du fonds ?

La performance du fonds (part A) à fin février est de 10.46%. Depuis la création 22.48%, et sur un an glissant 7.47%. Je rappelle que les performances passées ne sont pas constantes dans le temps et ne sont donc pas un indicateur fiable des performances futures...