Wall Street : retour au sommet, malgré la guerre commerciale et l'économie
Paradoxal ?

La cote américaine s'affiche de nouveau en progression avant bourse ce jeudi, malgré l'impact de la guerre commerciale et les signaux de ralentissement économique outre-Atlantique. Le S&P 500 avance de 0,3% en pré-séance, alors que le Dow Jones grappille quelques points (+0,1%) et que le Nasdaq prend 0,3%. Les nouveaux tarifs douaniers de Trump entrent pourtant en vigueur, bouleversant le paysage commercial, et le président américain en rajoute même une couche avec des droits de douane de 100% sur les semi-conducteurs - dont seraient dispensées cependant les compagnies fabriquant aux USA.
Cette dernière annonce a été effectuée hier soir en marge d'une conférence de presse à la Maison Blanche durant laquelle Trump et Tim Cook, patron d'Apple, ont dévoilé un nouvel engagement d'investissement de 100 milliards de dollars du groupe à la pomme aux États-Unis - portant à 600 milliards son engagement total. "La bonne nouvelle pour les entreprises comme Apple, c'est que si vous construisez aux États-Unis, ou si vous vous êtes engagés à construire, sans aucun doute, aux États-Unis, il n'y aura aucun frais", a déclaré Trump. Nvidia et Taiwan Semi (TSMC) pourraient toutefois être épargnés, alors que le géant taïwanais dispose d'usines aux États-Unis et que son client américain Nvidia s'est lui engagé à investir des milliards de dollars sur le marché américain - 500 milliards sur quatre ans pour des infrastructures liées à l'IA avec TSMC, Foxconn, Wistron et bien d'autres.
Quoi qu'il en soit, de nouveaux droits de douane réciproques sont désormais en vigueur, suite à la récente décision exécutive de la Maison Blanche qui impose aux importateurs de payer entre 10 et 50% de tarifs douaniers dans les prochains mois pour l'importation aux États-Unis de divers produits. Des dizaines de pays, dont des partenaires commerciaux majeurs comme l'Union européenne, la Corée du Sud et le Japon, sont désormais soumis à un nouveau taux de 15%. L'addition est encore plus lourde pour le Brésil, qui a vu des droits de douane de 50% entrer en vigueur, et l'Inde, confrontée à des droits de douane de 25% qui pourraient doubler dans trois semaines en raison de sa consommation de pétrole russe. Une consommation qui complique aussi les négociations commerciales sino-américaines.
Parmi les points positifs soutenant malgré tout Wall Street, la probabilité d'un assouplissement monétaire d'un quart de point en septembre est remontée très significativement depuis vendredi, suite aux chiffres décevants de l'emploi, à 93% désormais selon l'outil CME FedWatch. L'ISM des services annoncé cette semaine a aussi accentué les craintes de ralentissement. Trump n'a pourtant pas du tout apprécié les révisions du rapport sur l'emploi, jugeant ce rapport truqué et demandant l'éviction de la responsable.
Neel Kashkari, le patron de la Fed de Minneapolis, a indiqué sur CNBC mercredi que "la Fed devait répondre au ralentissement de l'économie". Il juge que deux baisses de taux seraient toujours appropriées cette année. Contrairement à Trump, Kashkari ne conteste pas les données du Département américain au Travail et note donc un affaiblissement du marché de l'emploi. Il pourrait donc être utile d'ajuster la politique monétaire plutôt que d'attendre. Le responsable indique toutefois qu'il ne sait pas si l'impact des tarifs douaniers sur les prix persistera... La gouverneure Lisa Cook de la Fed, s'exprimant hier soir lors d'un événement à Boston, a jugé préoccupant le dernier rapport sur l'emploi et a indiqué que "de grandes révisions dans les chiffres de l'emploi sont en quelque sorte typiques des points d'inflexion" pour l'économie. Enfin, Mary Daly, de la Fed de San Francisco, estime aussi que la banque centrale devra baisser ses taux dans les prochains mois pour soutenir le marché du travail. Elle s'exprimait lors d'un événement en Alaska.
Le président américain a été critiqué pour ses attaques contre la Fed et pour avoir limogé Erika McEntarfer du Département au Travail, des mesures qui pourraient être perçues comme fragilisant des institutions supposées indépendantes. En ce qui concerne la Fed, Trump, qui ne cesse de tacler Jerome Powell, a déclaré avoir quelques personnes en tête pour le poste laissé vacant après l'annonce vendredi par Adriana Kugler de son départ du conseil des gouverneurs - alors que son mandat n'expirait qu'en janvier. Son départ offre à Trump l'occasion de nommer un gouverneur plus proche de sa préférence pour des taux d'intérêt plus bas, alors que deux autres gouverneurs, Christopher Waller et Michelle Bowman, viennent déjà de basculer en faveur d'un assouplissement monétaire... Hier, Bloomberg indiquait que les conseillers de Trump l'encourageraient à nommer un gouverneur temporaire de la Fed pour occuper le siège bientôt vacant de Kugler.
Sur le front géopolitique, l'émissaire spécial américain Steve Witkoff s'est donc rendu à Moscou. Le président américain Donald Trump a évoqué des échanges très productifs et serait disposé à rencontrer Vladimir Poutine dès la semaine prochaine, selon un responsable de la Maison Blanche cité par Reuters. Une relative bonne nouvelle, juste avant la date butoir fixée par Trump pour que Poutine accepte un cessez-le-feu en Ukraine sous peine de sanctions. Le New York Times croit savoir que le président américain espèrerait ensuite une réunion avec Poutine et le président ukrainien Volodymyr Zelensky.
Sur le front économique aux USA, les investisseurs suivront encore les inscriptions hebdomadaires au chômage pour la semaine close le 2 août (14h30, consensus 220.000), ainsi que les chiffres préliminaires de la productivité non-agricole du deuxième trimestre (même heure, consensus FactSet +2% et +1,3% pour les coûts unitaires du travail). Raphael Bostic de la Fed prendra la parole dans la journée. Les chiffres du crédit à la consommation aux USA seront connus dans la soirée (consensus FactSet +7,3 milliards).
Dans l'actualité des entreprises cotées à Wall Street, Applovin, DoorDash, McKesson, Airbnb, Fortinet, Metlife, AIG ou Occidental Petroleum, ont publié hier soir leurs derniers comptes. Eli Lilly, Gilead Sciences, ConocoPhillips, Constellation Energy, Motorola Solutions, Monster Beverage, Block Inc, Warner Bros. Discovery, Live Nation, Microchip Technology, Take-Two Interactive, The Trade Desk, Pinterest ou Parker-Hannifin, annoncent notamment aujourd'hui.
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