Les Etats-Unis entrent en paralysie budgétaire, sans issue visible à court terme

Les Etats-Unis sont entrés mercredi en période de paralysie budgétaire, le "shutdown", avec pour conséquence le gel d'une partie de l'administration fédérale, sans aucune solution en vue dans l'immédiat au Congrès entre les républicains de Donald Trump et l'opposition démocrate.
Plusieurs centaines de milliers de fonctionnaires vont être mis au chômage technique et de fortes perturbations sont attendues pour les usagers des services publics. Une situation très impopulaire aux Etats-Unis, inédite depuis sept ans, et dont les deux camps se rejettent déjà la responsabilité.
Les démocrates "veulent tout fermer, nous ne le voulons pas", avait ainsi assuré Donald Trump mardi après-midi, avant d'adopter un ton à peine voilé de menace.
Le site de la Maison Blanche a publié sur son compte X le message indiquant que "les démocrates ont fermé les services de l'Etat", avec une horloge qui décompte la durée du "shutdown".
"Beaucoup de bonnes choses peuvent ressortir des +shutdowns+, on peut se débarrasser de beaucoup de choses dont nous ne voulons pas, et ce seraient des choses démocrates", avait déclaré le président américain.
Une allusion à son intention de profiter du gel de certaines administrations pour accentuer le limogeage de milliers de fonctionnaires fédéraux, déjà entamé avec la Commission à l'efficacité gouvernementale (Doge) de son ex-allié Elon Musk.
Sur le site de la Nasa, un message indique que l'agence fédérale "est actuellement fermée en raison d'une interruption du financement gouvernemental".
Plusieurs ambassades américaines ont annoncé sur X que les informations ne seraient pas mises à jour sauf en ce qui concerne des annonces urgentes de sécurité.
Chaque camp accuse l'autre partie d'être responsable du blocage budgétaire.
Les deux principaux démocrates au Congrès, le chef de la minorité au Sénat Chuck Schumer et son homologue à la Chambre Hakeem Jeffries ont affirmé dans un communiqué commun que "Donald Trump et les républicains ont fermé les services de l'Etat parce qu'ils ne veulent pas protéger les soins de santé du peuple américain".
"Les démocrates restent prêts à trouver une voie bipartisane pour rouvrir les services de l'Etat d'une manière qui réduise les coûts (de santé) et réponde à la crise engendrée par les républicains", écrivent les deux responsables démocrates. "Mais nous avons besoin d'un partenaire crédible", soulignent-ils.
"Fermeture ordonnée"

Donald Trump n'est pas étranger aux "shutdowns" puisque le dernier remonte à son premier mandat, lorsque la paralysie s'était étalée de décembre 2018 à janvier 2019, pour un record de 35 jours.
"On ne sait pas combien de temps les démocrates maintiendront leur posture intenable, rendant la durée d'un +shutdown+ compliquée à prédire", a affirmé le directeur du Bureau du budget à la Maison Blanche, Russell Vought, dans une lettre aux principaux responsables de services ministériels.
Après l'échec d'un ultime vote au Sénat dans la soirée mardi, M. Vought a donné la consigne aux administrations fédérales de "mettre en application leurs plans pour une fermeture ordonnée".
Le Bureau budgétaire du Congrès estime qu'environ 750.000 fonctionnaires vont être mis quotidiennement au chômage technique. Le trafic aérien pourrait être affecté, tandis que le versement de certaines aides sociales devrait être fortement perturbé.
Les parcs nationaux seront également privés des "rangers" chargés d'en assurer le maintien, alors qu'approche la saison du changement de couleur des feuilles d'arbres, un événement annuel qui attire des millions de touristes aux Etats-Unis.
Record à Wall Street

Selon les calculs des analystes de la compagnie d'assurance Nationwide, chaque semaine de paralysie pourrait réduire la croissance annuelle du PIB américain de 0,2 point.
Les Bourses mondiales n'ont cependant pas montré d'angoisse à l'approche de l'échéance, l'indice Dow Jones ayant même atteint un nouveau record à la clôture mardi à Wall Street.
Les républicains sont majoritaires dans les deux chambres du Congrès, mais le règlement du Sénat fait qu'un texte budgétaire doit être adopté à 60 voix sur 100, nécessitant donc au moins sept voix démocrates.
Pour le moment, les républicains proposent une extension du budget actuel jusqu'à fin novembre et relèvent qu'aucune autre proposition n'est sur la table. De l'autre, les démocrates veulent obtenir le rétablissement de centaines de milliards de dollars en dépenses de santé -- notamment dans le programme d'assurance santé "Obamacare" pour les ménages des classes populaires -- supprimés par l'administration Trump.
En mars, alors que la menace d'un "shutdown" planait déjà, les républicains avaient refusé d'engager le dialogue sur les énormes coupes budgétaires décidées par l'administration Trump. Dix sénateurs démocrates, dont Chuck Schumer, avaient alors voté à contrecoeur pour le texte des républicains, afin d'éviter la paralysie fédérale.
Leur choix avait provoqué de vifs remous dans le camp démocrate, de nombreux militants et sympathisants les accusant de plier face à Donald Trump et à son programme jugé radical.
■Copyright © 2025 AFP. Tous droits de reproduction et de représentation réservés.
Toutes les informations reproduites dans cette rubrique (dépêches, photos, logos) sont protégées par des droits de propriété intellectuelle détenus par l'AFP. Par conséquent, aucune de ces informations ne peut être reproduite, modifiée, transmise, rediffusée, traduite, vendue, exploitée commercialement ou utilisée de quelque manière que ce soit sans l'accord préalable écrit de l'AFP. l'AFP ne pourra être tenue pour responsable des délais, erreurs, omissions, qui ne peuvent être exclus ni des conséquences des actions ou transactions effectuées sur la base de ces informations.
- 0 vote
- 0 vote
- 0 vote
- 0 vote
- 0 vote