Attentat à Sydney : l'enquête avance, le gouvernement évoque "l'idéologie de l'Etat islamique"
Les auteurs de l'attentat meurtrier sur une plage de Sydney étaient probablement "motivés par l'idéologie" du groupe "Etat islamique", a déclaré mardi le Premier ministre australien Anthony Albanese.
Dimanche soir, Sajid et Naveed Akram, un père et son fils, ont tiré à au moins 40 reprises, pendant une dizaine de minutes sur une foule rassemblée sur la plage de Bondi pour la fête juive de Hanouka, faisant au moins 15 morts et 42 blessés.
Les autorités, qui ont qualifié l'attentat "d'antisémite" et de "terroriste", ont déclaré que l'attaque visait à semer la panique parmi les Juifs du pays, mais n'ont donné jusqu'à présent que peu de détails sur les motivations profondes des assaillants.
Le Premier ministre australien a évoqué mardi une radicalisation des deux assaillants par une "idéologie de haine" avant l'attentat.
"Il semblerait que cela ait été motivé par l'idéologie de l'Etat islamique (EI)", a déclaré le chef du gouvernement à la chaîne nationale ABC.
Le véhicule retrouvé près de la plage de Bondi, immatriculé au nom du plus jeune assaillant, contenait deux drapeaux de l'EI et des engins explosifs improvisés, a déclaré Mal Lanyon, responsable de la police de Nouvelle-Galles-du-Sud.
M. Lanyon a précisé que la police enquêtait sur un récent voyage aux Philippines des assaillants.
Combattants islamistes
Le Bureau de l'Immigration à Manille a confirmé mardi que les deux hommes s'étaient rendus dans le pays entre le 1er et le 28 novembre, respectivement avec un passeport indien et australien, et que leur destination finale était la région de Davao, sur l'île de Mindanao.
De petits groupes de combattants islamistes ayant prêté allégeance à l'EI sont toujours présents sur l'île de Mindanao, malgré la signature d'un pacte de paix en 2014 entre le gouvernement et le Front islamique de libération Moro.
De son côté, la police indienne a indiqué que Sajid Akram est un citoyen indien qui a quitté sa ville d'Hyderabad dans le sud du pays, en 1998.
L'homme n'a eu que des contacts limités avec sa famille depuis lors, selon la police qui a ajouté que son fils Naveed est citoyen australien.
Le chef de la diplomatie indienne, Subrahmanyam Jaishankar, en visite en Israël mardi, a présenté ses "très sincères et profondes condoléances", soulignant que New Delhi condamnait l'attaque "avec la plus grande fermeté".
En Australie, les autorités font face à des questions de plus en plus nombreuses pour savoir si elles auraient pu agir plus tôt pour déjouer l'attaque.
Selon M. Albanese, le plus jeune assaillant, Naveed Akram, 24 ans, avait fait l'objet de vérifications des renseignements australiens en 2019, sans paraître constituer à l'époque de menace immédiate.
Dans le coma
"Il a attiré leur attention en raison de ses relations avec d'autres", "deux des personnes avec lesquelles il était associé ont été inculpées et sont allées en prison, mais il n'a pas été considéré à l'époque comme un potentiel suspect", a rapporté M. Albanese.
Le jour de l'attaque, l'homme a dit à sa mère qu'il partait en ville pour pêcher, selon des médias.
Selon les autorités, il se serait en fait retranché dans un appartement de location avec son père pour préparer l'attaque.
Armés de fusils, les deux hommes ont criblé la plage de balles pendant dix minutes avant que la police n'abatte Sajid, âgé de 50 ans.
Arrêté par la police et grièvement blessé, Naveed est dans le coma à l'hôpital, sous la surveillance des forces de l'ordre.
Le Premier ministre s'est rendu mardi au chevet d'Ahmed Al Ahmed, devenu un véritable héros dans le pays et le monde, après avoir réussi à arracher le fusil des mains d'un des assaillants. Son geste qui avait été filmé est devenu viral sur les réseaux sociaux.
"Nous sommes un pays courageux. Ahmed al Ahmed incarne ce que notre pays a de meilleur", a souligné M. Albanese.
"Huile sur le feu"
Grièvement blessé, et cloué au lit, M. Ahmed a brièvement remercié en arabe les personnes qui lui ont exprimé leur soutien dans une vidéo circulant sur les réseaux sociaux mardi.
De nombreux dirigeants dans le monde ont condamné avec force cet attentat qui a fait 15 morts, des personnes âgées de 10 ans à 87 ans, dont un Français de 27 ans, Dan Elkayam, un rabbin de 41 ans, Eli Schlanger et Alex Kleytman, un survivant de la Shoah né en Ukraine.
Pour le dirigeant israélien Benjamin Netanyahu, la décision australienne de reconnaître la Palestine plus tôt cette année a mis de "l'huile sur le feu de l'antisémitisme".
Le gouvernement a "échoué à prendre des mesures adéquates pour protéger la communauté juive" a déclaré à l'AFP le président de l'Australian jewish association.
Les chefs des Etats et territoires d'Australie se sont réunis lundi pour convenir du renforcement de la "législation sur les armes à feu", qui a permis au père Sajid Akram de posséder six armes.
Le pays n'avait pas été frappé par une telle tuerie depuis le massacre de Port Arthur en 1996, qui avait fait 35 victimes en Tasmanie, au sud de l'Australie.
L'attentat avait été suivi d'un programme de rachat d'armes et de nouvelles restrictions sur les armes semi-automatiques.
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